Les tapis berbères sont dans l’air du temps depuis quelques années, mais je ne m’y étais pas intéressée plus que ça. Je les ai repérés sur quelques photos et ils ont fini par me taper dans l’oeil. Mais c’est en effectuant quelques recherches sur leur histoire qu’ils ont commencé à m’obséder. C’est lors d’un voyage au Maroc, assaillie de tapis sur le souk, que je suis définitivement tombée amoureuse. Pour leur esthétique, pour la sensation de la laine au toucher, mais surtout pour leur histoire.
Malheureusement aujourd’hui les grandes marques de décoration se le sont approprié. Elles se font de l’argent sur l’artisanat local des tribus Berbères de l’Atlas marocain et dénaturent l’histoire magnifique de ces objets. Elles font fabriqué en Asie des tapis « style Berbère », « style Beni Ouarain », en fibres synthétiques toxiques pour notre santé et polluantes. Il devient nécessaire de savoir reconnaître un vrai en laine fabriqué artisanalement d’un simili puisque même sur le Souk marocain vous trouvez quelques uns de ces tapis imitation. Je vais donc essayer de vous révéler quelques uns de leurs secrets.
Tapis berbères en laine : un peu d’histoire
Aux origines de l’artisanat marocain ancestral
Les tapis berbères sont originaires du Moyen-Atlas et des plaines autour de Marrakech. Leurs origines se situeraient au IIè siècle avant Jésus-Christ. Ces tapis constituent l’art rural traditionnel pratiqué par les femmes de peuples nomades ou semi-nomades. Ils sont réalisé à partir de laine vierge provenant des moutons et des brebis de leurs troupeaux. Les femmes le fabriquent durant leurs rares heures de loisir dans le but de s’en servir comme matelas et couverture. Il constitue son bien le plus précieux et sa fierté. En somme il s’agit de son oeuvre d’art à travers laquelle elle a pu exprimer sa créativité.
À l’époque, le métier à tisser était considéré comme un être animé que l’on vénérait et craignait. Vide il était mort, mais tant que des fils étaient tendus, il était en vie. Il était interdit aux hommes de s’en servir. Au moment de défaire le tapis du métier à tisser, les femmes chantaient parce que cela signifiait la mort et le besoin de faire un deuil.
Noeud de tissage et symboliques
Les populations berbères autochtones ont créent un noeud spécifique appelé noeud berbère. À noter également qu’à la différence des tapis d’Orient, ils ne sont jamais réalisés sur modèle mais bien en fonction du désir de la femme qui le fabrique.
Les tracés représentés sur les tapis évoquent des symboles que l’on retrouve dans l’art pariétal. Le treillis, le losange, le X et la succession XX évoquent chacun à leur façon la féminité, l’accouplement et la procréation. En parallèle, un tracé en zigzag VVVVVVVVVV fait référence à la symbolique phallique du serpent.
Vous trouverez l’intégralité des significations dans le libre « Tapis Berbères du Maroc » par Bruno Barbatti.
Du tapis berbère en laine au simili synthétique
Les tapis berbères ont longtemps été méprisés et copiés sans la moindre considération par l’industrie européenne. Ce n’est que dans les années 1900 que plusieurs artistes s’y intéressent et leur redonnent toute leur valeur. Notamment les tableaux de Paul Klee aux formes géométriques et l’intégration de ces formes dans l’architecture par Le Corbusier. Henri Matisse quant à lui les appelaient les « géants blancs ». Depuis quelques années, ils ont le vent en poupe et en particulier les tapis Beni Ouarin. Toutes les marques de décoration en font des copies et vendent des tapis “style berbère”. Face à ce succès populaire, les adeptes des tendances commencent à s’en lasser. Pour ma part, je partage davantage les pensées de Timothy Wealon :“Je ne les vois pas comme une tendance passagère ; mais plutôt un élément décoratif qui sera toujours présent dans la décoration d’intérieur.”
Sélectionner un véritable tapis berbère en laine
Opter pour la seconde main
Parmi les tapis berbères vintages, il y a ceux qui s’apparentent davantage à des antiquités à des tarifs parfois inaccessibles, et les tapis de seconde main au tarif d’un tapis berbère artisanal neuf, voire moins cher. L’occasion reste la solution à privilégier d’un point de vue écologique. Selency propose une vaste sélection de tapis berbères : beni ouarain, azilal, bouchérouite… (attention toutefois, des modèles neufs côtoient des tapis vintages).
S’approvisionner au près des artisans marocains
Le plus simple est de confier cette mission à un revendeur spécialisé de confiance. Vous pouvez compter minimum 600€ pour acquérir un tapis via un revendeur de confiance (selon la taille du tapis).
Si vous avez la chance d’aller au Maroc, j’imagine que l’idéal est de vous rendre directement dans le Moyen Atlas et d’acheter votre tapis auprès d’une coopérative de femmes berbères, mais je n’ai pas expérimenté cette solution. Si vous êtes sur Marrakech, je vous conseille d’aller au Souk des tapis. Les tapis que vous trouverez à la sauvette sont des tapis usinés à l’étranger en matières synthétiques. Leur prix en est un bon indicatif.
Fuyez bien entendu les grandes enseignes de décoration qui vous proposent des modèles usinés en polypropylène à des prix parfois similaires à un véritable tapis réalisé artisanalement.
Reconnaître un authentique tapis berbère
- Couleur & Matière : Le tapis berbère est réalisé en 100% laine vierge non teintée, ce qui lui donne une coloration légèrement ocre. Méfiez-vous des imitations à bas pris constituées d’un mélange de laine et de matières synthétiques.
- Nouage : Jetez un coup d’oeil à l’envers du tapis. Un véritable tapis berbère est réalisé à la main, c’est pourquoi le nouage sur l’envers est forcément irrégulier.
- Frange : Un véritable tapis berbère ne possède des franges que d’un côté car ces franges résultent des noeuds réalisés avec la laine pour finir le tapis.
Source : Tapis Berbères du Maroc, Bruno Barbatti, Ed. ACR Edition / Source photo : Lili in Wonderland