My green cocoon

4 métiers d’avenir sur les secteurs de l’architecture et de la décoration : éco-conception de l’habitat et des objets

Designer de bâtiment écologique

Le secteur de la construction en pleine révolution verte

L’État impulse aujourd’hui le développement vert du secteur de la construction avec notamment la nouvelle réglementation environnementale des bâtiments neufs (RE2020).

Longtemps considérés comme des babos extrémistes, on prend désormais très au sérieux ceux qui prônent une autre façon de construire : isolants biosourcés, habitat bioclimatique, passif, voire positif, des lieux de vie plus petits. L’isolant paille a été reconnu comme tel il y a peu, du béton à base d’argile se développe pour remplacer le béton traditionnel, l’architecture bioclimatique tend à devenir la norme, et le marché des tiny-houses, yourtes et autres micro-habitats n’a jamais été aussi important.

Il ne s’agit pas tellement de nouveaux métiers, mais d’une réelle évolution des métiers d’architecte, ou encore d’ingénieur en bureau d’étude. On tend vers de nouvelles façons de construire.

Se former à la conception de bâtiment écologique

Pour acquérir la théorie, SolutionERA propose une formation certifiante en Design de Bâtiment Écologique. À l’origine, l’école a été créée au Canada. Son fondateur, Francis Gendron a passé des années à la rencontre, et sur les chantiers, de ceux qui construisent autrement. Depuis 2018, SolutionERA a son antenne et sa formation française, grâce à Goulven Bazire. “La formation se veut donner une vision globale d’un projet de conception, et ce, jusqu’à la mise en place réelle.” On ouvre son esprit avec d’autres façons d’habiter (earthship, micro-habitats…), et à travers l’intervention de plusieurs experts complémentaires. La formation se veut fournir des informations qui rendent autonome dans ses choix, qui permettent une prise de recul, et un changement de paradigme. Un autre point fort : la communauté des formés qui partagent leur retour d’expérience pour s’enrichir les uns les autres;

Plusieurs formats existent : une formation en ligne de 80h (finançable via le CPF), en présentiel 6 week-ends sur 6 mois à Lyon. En complément, le format Summer Camp de 14 jours en Isère, permet de passer au concret. À noter que la formation est aussi accessible à tous ceux qui ont un désir d’auto-construction/rénovation.

Ne pas négliger les chantiers participatifs

L’architecte Thomas Vignau recommande d’aller “sur le terrain, en passant à l’action”. Il explique : “En école d’architecture, on nous apprend à concevoir et dessiner, mais on est loin des réalités du terrain. En éco-construction, c’est pareil. La théorie, c’est une chose, mais pour comprendre la matière (sables, argiles, chaux, éléments végétaux (paille, chanvre,..), la façon dont vit un bâtiment et les contraintes d’un chantier, il faut passer du temps sur le terrain. Un chantier d’éco-rénovation et/ou construction ne ressemble pas du tout à un chantier « conventionnel » c’est un chantier humide et non sec, la prise en compte des saisons, de la météo est important pour le bon déroulé de l’opération”.

Pour trouver des chantiers participatifs, il y a Twiza, le réseau pour habitat sain qui recense l’ensemble des chantiers participatifs en France et connecte des passionnés de corps de métier différents et complémentaires. “Les chantiers participatifs permettent de découvrir, de s’auto-former, voire de renforcer son expérience. On y voit beaucoup d’architectes et d’ingénieurs, parce que leurs cours ne leur permettent pas de faire du chantier” nous partage Cédric Daniel, fondateur du réseau Twiza.

De son côté, SolutionERA a pour projet la création d’une formation nommée Facilitateur de projet. Un métier qui a vocation à faire le pont entre le particulier et les artisans responsables des travaux. Ça vous intéresse ? La formation en est au stade de gestation, et Goulven recherche des testeurs. N’hésitez pas à le contacter (vous pourrez, à ce titre, bénéficier d’un tarif réduit).

Accompagnateur à l’auto-construction écologique

Un métier naissant

La construction, et en particulier écologique, connaît bon nombre d’auto-constructeurs. Guidés par l’envie de construire eux-mêmes leur maison, ils se forment généralement à la théorie et participent à des chantiers participatifs. Selon Raphaël Soulier, co-président de la Fédac : « L’auto-production est une ré-appropriation de l’acte d’habiter. L’éco-construction fait partie de l’ADN du monde de l’auto-construction. Toutefois, mener un projet d’une telle envergure nécessite un grand nombre de connaissances et de longues heures de pratique. Pour que le projet ne se transforme pas en cauchemar, un nouveau métier voit le jour. Parmi ces professions émergentes basées sur la thématique de l’auto-construction, celui d’accompagnateur. 

Le travail d’accompagnateur varie selon les métiers. Il va de l’animation de collectifs d’auto-constructeurs qui s’entraident à l’accompagnement technique de la mise en œuvre, en passant par celui de la maîtrise d’œuvre et d’ouvrage.

Devenir accompagnateur à l’auto-construction écologique

L’association de la Fédération des accompagnateurs à l’autoproduction et à l’entraide dans le bâtiment (Fédac), créée en 2015, sous l’initiative portée par Cédric Daniel, fondateur du réseau Twiza et membre du Conseil d’administration du réseau français de la construction paille (RFCP). La création de la FédAc est le fruit d’une rencontre d’une vingtaine d’acteurs de l’accompagnement et de l’autoproduction. Elle rassemble partout en France des professionnels du bâtiment. Des entrepreneurs sociaux, associations, artisans, universitaires, engagés dans l’accompagnement auprès des maîtres d’ouvrage, dans leurs projets de construction ou de réhabilitation. L’objectif de cette démarche ? S’entraider et sécuriser les pratiques. Cela évite que ces dernières soient précaires, marginales ou hors cadre réglementaire. Entre autres : la concurrence déloyale, ou le travail dissimulé. Aujourd’hui, on estime que la FédAc regroupe une cinquantaine d’accompagnateurs professionnels qui mêlent artisans, architectes ou maîtres d’œuvres. 

La FédAc propose deux formations : une pour devenir Opérateur de l’accompagnement à l’autoréhabilitaton du logement “tous publics” sur 2 jours, et l’autre sur comment Mettre en place une politique territoriale d’accompagnement à l’auto-réhabilitation du logement “tous publics” sur une journée.

Décorateur-trice et architecte d’intérieur écoresponsable

Décoration écologique et greenwashing

La décoration écolo a longtemps été assimilée à une image ringarde, mais elle connaît aujourd’hui un regain d’intérêt à l’image du secteur de la mode éthique, une prise de conscience s’opère et les consommateurs se questionnent. La pollution de l’air intérieur créée par des émissions nocives qui émanent de notre mobilier et revêtements commence à se faire savoir. De toutes nouvelles marques de mobilier, objets de déco, peinture et autres revêtements entendent bien changer le monde de la décoration avec des produits qui respectent la nature, et la santé des êtres humains, sans renoncer à l’esthétisme.

Flairant la demande, les grandes marques tentent de surfer sur la vague. Elles usent et abusent de termes trompeurs pour verdir leur image. À grand coût de “matières naturelles” de l’autre bout du monde, de couleurs organiques et terreuses qui n’en ont que l’aspect, et de pièces aux courbes “artisanales” qui semblent façonnées à la main. Pas facile de s’y retrouver en tant que consommateur, décorateur-trice ou architecte d’intérieur.

Se former à la décoration écologique

My Green Cocoon est initialement un magazine en ligne dédié à un habitat écologique, sain et beau, fondé par Nina Chardin en 2017. Guidée par la même exigence et volonté de transparence qui l’anime dans le magazine, elle propose une formation complète avec une vision globale de l’habitat. Le programme fait la part belle à une décoration à vivre au service du bien-être de ses occupants, à la notion d’impact sur la santé, au réemploi, et à l’achat de neuf éco-responsable. Les matériaux et labels sont présentés et chaque revêtement et typologie d’objet de décoration et de mobilier est passée au crible pour permettre des choix durables.

Laura Brazao, architecte d’intérieur et fondatrice de LB Intérieur Design, a suivi la formation en décoration écoresponsable de My Green Cocoon dès sa sortie : “C’est vraiment la formation dont je rêvais, une évidence. Nous vivons dans un monde où nous ne pouvons plus fermer les yeux sur les problèmes environnementaux. Il est important de repenser un lieu de vie de façon agréable et durable.” Celle qui exerce son métier différemment depuis la formation, ajoute : “Je fais attention aux isolants et à la peinture. J’essaye de guider au mieux mes clients lors d’un choix de revêtement. La formation est sans jugement, elle permet de connaître les avantages et les inconvénients des marques, tout en nous laissant le choix, selon nos besoins et nos envies, du critère financier ou esthétique.”

La formation en ligne dure environ 15h sur 5 semaines. Le contenu s’accompagne d’outils pour faciliter le quotidien des professionnels : des fiches et guides synthétiques format pdf, une communauté des formés, et un annuaire en ligne de + de 400 marques et artisans engagés du secteur. La formation est finançable par les OPCO et Pôle Emploi. Si la formation est encore réservée aux professionnels, un format sera prochainement accessible aux particuliers.

Acteur de l’éco-conception

L’éco-conception au coeur du produit de demain

L’impact des objets que nous consommons n’est plus à préciser. Plusieurs scandales sur le secteur textile, mais aussi concernant la façon dont est prélevé le bois, dont le coton est cultivé puis transformé, dont le cuir est teint… ont mis en exergue l’impérieuse nécessité de penser autrement nos objets. L’éco-conception invite à étudier le cycle de vie d’un produit, à mesurer l’impact de chacune d’entre elles, et à trouver les solutions optimales pour réduire son impact environnemental global. On pourra ainsi modifier les matières premières, le mode de fabrication, le moyen de transport, la distribution ou encore l’utilisation et la fin de vie. On peut ainsi concevoir des produits demandant moins de matières premières, d’eau, et d’énergie.

Pour faciliter la lecture et la compréhension de l’impact d’un produit avant achat, l’État a d’ailleurs lancé un programme d’affichage environnemental des produits. Aujourd’hui encore en test chez des entreprises volontaires, l’affichage environnemental devrait, à l’avenir, être présent sur la majorité des produits vendus. Il tient compte de l’impact du produit durant toutes les étapes de son cycle de vie, et communique son impact en termes d’effet de serre, de pollution de l’air et de l’eau. L’éco-conception tend donc à se démocratiser.

Se former à l’éco-conception

En tant que designer ou ingénieur, on peut suivre un master spécialisé en école de design ou d’ingénierie. Pour les autres corps de métiers, il est aussi possible de se former de façon complémentaire avec une formation courte dédiée à des non-experts. « On va former des gens à être l’animateur éco-conception de l’entreprise. On forme des profils en bureau d’étude ou encore en service marketing. » précise Samuel Mayer, directeur du Pôle Éco-conception.

Le Pôle Éco-conception est une association créée en 2009 qui dispense des formations à destination des entreprises et des écoles. L’objectif des formations est d’enseigner comment l’éco-conception peut être mise au service de la performance de l’entreprise, comment intégrer l’éco-conception dans un système de management environnemental, ou encore apprendre à communiquer sur ses performances environnementales. Les entreprises cherchent de plus en plus des solutions pratiques et rapides à mettre en œuvre. Dans un premier temps, il est nécessaire de comprendre ce qu’est l’éco conception et ses outils. Trois leviers d’action sont proposés : travailler l’extraction des matières premières jusqu’à la fin de vie : fabrication, utilisation, transport logistique. Évaluer le cycle de vie, et le management du cycle de vie. « On approfondit également certains thèmes. Par exemple, “Savoir évaluer” qui consiste à bien identifier les transferts de pollution.” précise Samuel Mayer.

Le Pôle Éco-conception propose un panel de formations en présentiel ou en ligne dédiées principalement à la gestion de projet en éco-conception, et à l’analyse de cycle de vie produit. Certaines formations sont spécialisées (agro-alimentaire, textiles…) quand d’autres abordent la communication de l’entreprise sur ses performances environnementales.

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