My green cocoon

Tiny house low tech : retour d’expérience

Clément et Pierre-Alain sont membres du Low-Tech Lab, association engagée dans la diffusion de technologies utiles, accessibles et durables, au plus grand nombre. Pour passer de la théorie à la pratique, ils ont expérimenté 12 solutions Low-Tech en lien avec l’habitat dans une tiny house écologique. 

Qu’est ce que des low-tech et quelle est la mission du Low-Tech Lab ?

Les low-tech cherchent à remplacer des technologies du quotidien consommatrices d’énergie, d’eau, polluantes, chers par des solutions utiles, durables (consommant le moins d’énergie et d’eau possible, utilisant des matériaux issus du réemploi ou écologiques…) et accessibles au plus grand nombre (financièrement, techniquement simples, à fabriquer soi-même…). Concrètement, il peut s’agir d’installer des toilettes sèches, de substituer son réfrigérateur par un garde-manger, d’opter pour un compost pour alléger sa poubelle, de privilégier des panneaux solaires pour une énergie renouvelable… Les low-tech impliquent également un changement de paradigme : ai-je besoin de consommer autant d’énergie ? quel est mon besoin ? comment le satisfaire autrement ? Le Low-Tech Lab s’est donné pour mission de partager ces solutions et l’esprit low-tech pour permettre à chacun de répondre à ses besoins de base de manière autonome et durable. Les low-tech semblent parfois réservées à un mode de vie alternatif, alors qu’elles peuvent tout à fait s’intégrer à un mode de vie moderne.

Pourquoi vous être lancés dans ce projet de tiny house low-tech expérimental ?

Avec le Low Tech Lab, nous rassemblons et mettons à disposition en open source des tutos pour réaliser soi-même des solutions low-tech. Pour l’habitat, entre autres. Nous avons ressenti le besoin de tester par nous même un certain nombre de ces solutions. Le secteur de l’habitat représente aujourd’hui un enjeu de taille : c’est l’un des premiers postes de consommation en énergie et d’émissions de gaz à effet de serre. Il est primordial de changer la façon dont nous consommons l’énergie et l’eau. Pour créer cet espace expérimental, nous avons fabriqué une tiny house écologique. Nous avons été accompagnés pour nous assurer de construire un habitat durable, et avons privilégié des matériaux issus du réemploi (les menuiseries notamment), ou locaux (du bois d’une forêt à moins de 30km par exemple). Puis, nous y avons intégré 12 solutions low tech :

  • une marmite norvégienne
  • un poêle de masse
  • une phytoépuration 
  • un capteur à air chaud
  • un chauffe-eau solaire 
  • des panneaux photovoltaïques
  • des toilettes sèches 
  • un récupérateur d’eau
  • une douche à recyclage
  • un filtre à eau
  • un compost bokashi
  • un garde-manger

 

Après 3 mois de fabrication, nous avons passé une année entière à y vivre par alternance, l’un et l’autre. L’idée était de vérifier par l’expérience les solutions que nous proposons et de voir de quelles façons elles impactaient notre quotidien.

Quel a été le bilan après un an de vie dans cette tiny house low tech ?

Les low-tech demandent un ajustement de nos habitudes de consommation. Entrer dans cette démarche implique de modifier nos modes de vie, d’adopter plus de sobriété, de changer de paradigme, c’est indissociable. Mais elles ne demandent pas plus de temps de gestion au quotidien, et ne sont pas plus contraignantes, que des solutions high-tech. Les low-tech nous ont permises de nous reconnecter à la nature, d’expérimenter une vie au rythme des saisons et guidée par la météo. C’était génial ! On vivait en autonomie en eau et en énergie, on dépendait donc de l’eau de pluie et de l’énergie du soleil. Par exemple, quand il avait beaucoup plu, on savourait une longue douche ; quand c’était plus sec, il fallait opter pour une douche plus courte. J’avais l’impression d’être en voyage permanent, mais immobile. C’était hyper relaxant, j’ai ressenti beaucoup de bien-être. Pierre-Alain, lui, a vécu l’expérience comme un jeu dans lequel il fallait gérer ses ressources et adapter son comportement. Ça a été une expérience joyeuse pour tous les deux. Aujourd’hui, je rénove une maison avec ma copine. Cette expérience m’a convaincu d’y intégrer des solutions low-tech.

Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui souhaite passer aux low-tech ?

On pourrait partir sur des toilettes sèches, mais tout le monde n’est pas prêt à y passer. Une solution facile à mettre en place est celle du garde-manger. On peut le fabriquer soi-même. Un garde-manger se substitue, du moins en partie, à un réfrigérateur. Chacun peut y aller à son rythme pour prendre ses marques. Dans un premier temps, on peut essayer de se passer de frigo en hiver en optant pour le garde-manger. Dans un second temps, on pourra choisir un plus petit réfrigérateur pour l’été (et donc consommer moins d’énergie), voire s’en passer totalement. Si on consomme déjà des produits de saison que l’on cuisine soi-même, et pas ou peu de viande, c’est d’autant plus facile.

Quel a été le meilleur moment de votre année en tiny house low-tech ?

L’inauguration de la tiny house au printemps 2019 a été un moment fort. Elle a réuni 150 personnes prêtes à découvrir et partager autour des low-tech. C’était un moment de fête : joyeux et convivial. L’évènement en lui-même était low-tech, la musique qui tournait était alimentée en énergie solaire par exemple. D’ailleurs, je crois que l’avenir sera collectif et que l’habitat de demain se doit d’intégrer plus de vivre ensemble.

Crédit photo : Low Tech Lab

Vous voulez en savoir plus sur ce projet de tiny house low-tech ?

Clément et Pierre-Alain ont sorti un livre dédié aux low-tech et à leur retour d’expérience.

Partager cet article :