Nina Chardin (My Green Cocoon) forme et informe sur une décoration pertinente

Qui êtes-vous ?

Je suis Nina Chardin. Je suis originaire des Vosges et j’habite désormais dans les Landes, à Capbreton. J’ai étudié dans une école de commerce, en marketing et communication. Durant ma scolarité, j’ai eu la possibilité de faire une année de césure. Alors dans un premier temps, je suis partie six mois en stage, dans la communication. Puis, très rapidement, j’ai eu besoin de partir tout court. J’ai décidé de partir six mois en voyage. Je suis allée au Kirghizstan, au Cambodge, en Thaïlande et en Inde. À chaque fois, j’ai effectué des missions de bénévolat : professeur de français, construction d’un Earthship indépendant en eau et en électricité, ou encore contribution à une ferme en permaculture. À la fin de mes études, j’occupe un poste de chef de rayon. Cela me donne de nombreuses clés, j’ai des responsabilités, je touche à tout : management, recrutement d’une équipe, marketing, vente sur le terrain, communication. J’ai beaucoup appris, et cela m’a donné de la confiance pour me lancer dans un projet qui me fait vibrer : My Green Cocoon. Je me suis laissée un peu de temps pour continuer à apprendre, et me former à diverses pratiques : la céramique, les arts appliqués. En octobre 2017, une nouvelle aventure commence : My Green Cocoon, un blog dédié à la décoration éco-responsable.

Et que faites-vous ?

Aujourd’hui, je forme des décoratrices et des architectes d’intérieur à pratiquer de façon plus éco-responsable leurs métiers. C’est devenu mon activité principale. Suite à de nombreuses demandes, je développe une formation qui s’adresse aux particuliers. À cela, s’ajoute un magazine en ligne qui a pour but d’informer les particuliers et les professionnels. De nombreux articles montrent que l’on peut décorer son intérieur de manière écologique, saine, et sans sacrifier l’esthétisme. C’est ça le message de base. Lorsque je me suis intéressée au sujet, je trouvais des choses un peu ringardes. Des meubles de « récup », qui ne donnaient pas vraiment envie aux gens de s’intéresser à cette thématique. Alors, je me suis dit : « Il faut que l’écologie soit désirable, pour que les gens aient envie de changer de mode de  consommation ». Ainsi, montrer que sans sacrifier le beau, on peut décorer de manière éco-responsable.

Pouvez-vous présenter « My Green Cocoon »?

My Green Cocoon, c’est un centre de formation. Il vise à démocratiser un mode de décoration écologique via des informations exigeantes. Le tout en apportant des solutions concrètes. My Green Cocoon a vocation d’être partout en France. Tous les professionnels peuvent participer à la formation, où qu’ils soient. En ce qui concerne les marques sélectionnées dans l’annuaire, elles sont françaises , de pays limitrophes, ou Européen. Plus rarement, d’autres continents, lorsque celles-ci ont une démarche suffisamment pertinente.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous lancer dans ce projet ?

J’ai toujours baigné là-dedans, sans jamais vraiment m’en rendre compte à l’époque. Quand j’étais enfant, mon père a construit notre maison en bois français, en compensation de quoi il a planté plusieurs centaines d’arbres. Pour moi, c’était normal. Puis au fur et à mesure, je me suis rendu compte que, non, tout le monde ne fait pas cela. Ma famille est apicultrice, en plein milieu de la campagne. Mon père fabrique beaucoup de meubles en bois. Ma mère quant à elle, confectionne les rideaux, chine du mobilier et leur donne une seconde vie. La maison de mes grands-parents était un vrai musée. Le repère de tous les objets qu’ils avaient rapporté de voyage, à travers le monde entier. Enfant, cela me fascinait. Ce que l’on appelle aujourd’hui « écologie », ce sont des valeurs avec lesquelles j’ai eu la chance de grandir. Mais ce sont aussi, des choses que j’ai un peu perdu quand j’ai commencé à étudier en ville, quand j’ai eu mon premier job de cadre, et que je n’avais plus trop le temps de penser à tout cela.

Un jour, je sors d’un magasin issu d’une grande chaîne discount, les bras remplis de babioles Made in China pour ma maison. À ce moment-là, alors que je consomme déjà bio dans mon quotidien, je m’aperçois de l’incohérence. C’est l’élément déclencheur, qui m’a amenée à renouer avec les valeurs qui avaient éveillé ma curiosité durant mon enfance. À la suite de nombreuses recherches sur Internet, je me rends compte qu’il n’y a rien de très « sexy » sur le secteur. En creusant davantage, je découvre quelques initiatives plus désirables et décide de les partager au plus grand nombre. À cela s’ajoute désormais mon intérêt pour l’éco-construction. Lorsque je regarde mon parcours, je me dis qu’au final, c’était une évidence. D’ailleurs, aujourd’hui, mes amies d’enfance me disent “c’était évident que tu finirais dans la décoration, tu ne parlais que de ça quand on était gamines, ça t’animait tellement !”

Quelles sont les valeurs que vous défendez ?

Je vis près de l’océan, près de la forêt, j’aime la nature. Je ne me sens pas très bien en ville. J’ai trouvé un endroit paisible et apaisant. Avec un mode de vie un peu plus slow, comme on dit. À travers mon travail, je défends plusieurs choses. 

Tout d’abord, la transparence et l’exigence sont des valeurs très importantes. Lorsque je mets en avant des marques, je les sélectionne précautionneusement. Quand nous publions des articles, nous nous assurons de la véracité des informations. Nous allons au fond des choses. Ce que je souhaite avant tout, c’est dire les choses, comme elles sont. Pour moi, avoir cette liberté c’est important. 

Puis, l’esthétisme, car écolo peut rimer avec beau. Consommer mieux sans sacrifier le confort, c’est possible. 

Et il y a l’humanité. Je veux proposer une décoration qui est tournée vers l’humain : par rapport aux objets que l’on consomme, des êtres humains qui les fabriquent, mais aussi la santé de ceux qui s’en entourent. Mais surtout, décorer une maison, doit être fait en fonction de ses occupants. Récemment, nous avons écrit un article sur la psychologie de l’habitat. Aujourd’hui, j’ai l’impression que l’on vit dans un monde où la décoration, c’est très visuel. On nous inspire avec du contenu, comme si nos intérieurs devaient être des photographies. Je trouve cela un peu triste. Selon moi, bien au contraire, la base d’un intérieur comme le dit Ilse Crawford c’est de « Créer un refuge, un endroit où tu peux te couper du monde, tu peux être toi-même, avoir ton intimité, recevoir les gens que tu aimes, un lieu cocon ». Pour cela, chaque personne sait ce qu’il lui fait bien. Choisir les matières, les couleurs en fonction de ses goûts et se reconnecter à une décoration qui a du sens. Nous ne sommes pas tous pareil, et avons donc des besoins différents. À un moment, j’ai créé le #HomePositive. Il s’inspire du Body Positivisme. L’idée est de dire : crée l’intérieur qui te convient à toi, et on s’en moque si ça ne colle pas à la tendance de tel magazine de déco. Beaucoup de personnes se sont reconnues dans cette démarche.

En quoi vous différenciez-vous des autres ?

La démarche d’aller au bout des choses. Les posts Instagram anti-greenwashing, ont bien fonctionné pour cela je pense. Il n’y a pas de non-dit. Il faut trouver le juste équilibre entre transparence et réalité. L’objectif n’est pas d’être culpabilisateur, froid et triste. Je souhaite rester dans quelque chose de chaleureux et joyeux, en apportant des solutions. Puis il y a cette vision globale de l’équilibre entre l’écologie et l’humain. Je ne pense pas que la nature puisse aller bien, si l’être humain ne se sent pas bien. Si ce dernier se sent mal, alors il sur-consomme. Il n’agit pas en conscience. Il fait des choix déconnectés de lui-même, qui ne sont pas respectueux de la planète, mais de lui non plus. Faire des actions comme acheter des produits en plastique ou surcharger sa maison, n’aide pas à se sentir bien. Je ne pense pas que l’on puisse dissocier les deux, ce n’est pas possible. D’où la nécessité de se reconnecter à soi et à la nature, tout simplement.

Une anecdote à partager depuis le début de votre activité ?

Je me suis rendue à Marseille il y a quelques mois. Je ne vais jamais à Marseille. Le lendemain de notre arrivée, je reçois le coup de fil de Claire. Elle a pour projet le développement d’une marque de peinture éco-reponsable déjà existante. Elle aimerait ma contribution à la refonte et à la communication de la marque. Lorsqu’elle me précise le nom de celle-ci, je réalise que je la connais. Il s’agit de la marque pour laquelle j’ai eu un véritable coup de coeur au tout début de My Green Cocoon, il y a plus de 3 ans et demi. Nos valeurs se ressemblent. La philosophie de la marque, s’accorde parfaitement avec celle de My Green Cocoon. Elle propose une peinture à la démarche environnementale la plus aboutie que je connaisse. Une démarche jusqu’au-boutiste, transparente et exigeante, et ce, sans sacrifier l’esthétisme, ni la technique. Cela faisait partie de ces marques pour lesquelles, je rêvais de travailler en secret :rire: Notre conversation se poursuit. Soudain, elle m’indique que ses bureaux sont à Marseille. Hasard ? Je ne crois pas. Ni une, ni deux, nous ne tardons pas à nous rencontrer quelques jours plus tard. Aujourd’hui, c’est avec beaucoup de fierté et d’enthousiasme que j’accompagne le développement de cette marque, en laquelle je crois fortement depuis le début : Pure & Paint.

Votre avis sur l’avenir de la décoration éthique et/ou l’habitat durable ?

Je pense que demain tout le monde sera éco-responsable et devra l’être. Les marques, les constructions, les politiques du gouvernement (même si elles sont loin d’être parfaites, et qu’il y a des incohérences) sont déjà en chemin.

Mais pour moi une décoration, un habitat éco responsable, et plus généralement avoir un mode de vie en conscience, ça doit d’abord passer par consommer moins. Au-delà d’acheter des objets éco responsables, cela nécessite de modifier les modèles économiques des entreprises. Je pense qu’il y a un vrai besoin, de changement de paradigme sur notre façon de consommer au sens large. Pas seulement sur la manière de consommer et de produire écologique, d’une façon plus générale : la manière de vivre.

Pouvez-vous vous exprimer sur le rapport qualité/prix/durabilité ?

Là aussi, le changement de paradigme doit se faire. Il y a ce rapport au temps, qu’on a beaucoup perdu, ainsi que le vrai coût des choses. Cette réflexion : « Si j’achète une housse de couette un peu plus chère, mais de qualité supérieure et qu’au final elle me dure 30 ans, voire toute une vie, alors je m’y retrouve côté rentabilité. » Il ne faut pas oublier que le linge de lit de nos grands-parents leur durait toute la vie, (si ce n’est deux générations). Donc il faut se demander : « Combien de temps vont durer les objets que j’achète ? »

Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite redécorer son intérieur de façon plus durable ?

Mon conseil serait le suivant : faire un grand tri dans ses affaires ! Cela permet d’y voir plus clair dans ce qu’on possède, dans le cadre d’un nouvel emménagement, savoir ce que l’on veut garder. Chaque déménagement est vécu comme un micro-traumatisme pour le cerveau. C’est vraiment comme un nouveau démarrage, une nouvelle aventure. Alors on se pose la question de ce que l’on aime vraiment. 

Et si l’on souhaite redécorer : accepter de prendre le temps de choisir de quoi on s’entoure, c’est très important. Cela peut sembler plus facile de meubler son appartement en un week-end chez Ikéa, mais prendre le temps, cela a plus de sens. Sur le long terme, cela fait du bien. S’écouter lorsque l’on choisit, plutôt que se fier aux modes déco. Les goûts et les couleurs sont tous différents, chacun se sent bien dans des intérieurs différents. Faites-vous confiance ! Si vous vous sentez bien dans la décoration en place dans la maison dans laquelle vous vivez, cela signifie que vous avez créé l’harmonie qui vous convient.

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